ITTF : toujours plus loin, toujours plus fort

Encore une fois, l’ITTF nous prépare un changement de règlement au 01/09/2008 qui, on commence à en avoir l’habitude, me fait grincer des dents. Derechef, je m’apprête à pisser dans un violon, et de plus, contre le sens du vent compte tenu de la mentalité de lemming du pongiste lambda. Je suis joueur.

Quel est le programme cette-fois ci ? Sois rassuré, cher lecteur, ce n’est pas la sinistre Division Equipement qui a frappé. D’ailleurs, il y a même très peu de chances que tu sois concerné. Mais quand même, ça ne m’empêchera pas de pousser une longue et douloureuse complainte, pudiquement masquée sous la morsure cinglante de mon humour ravageur.

La réforme

L’enjeu de cette réforme : la qualification des joueurs naturalisés pour les titres mondiaux.

Examinons donc la teneur du nouveau réglement, évidemment déjà adopté (le 29/02/2008 par 45 voix contre 2 !) et qui vient s’ajouter au règlement existant (les actuels points 3.8.7 et 3.8.8 seront renumérotés, celà va de soit mais il est toujours utile de préciser ce genre de détails aussi inutiles que barbant, bon sang cette parenthèse n’a-t-elle donc pas de fin ?) :

Comment, ce n’est pas limpide ? Non ? Alors faisons un point rapide de la situation…

Les effets

Actuellement, un joueur naturalisé ou ayant plusieurs nationalités ne peut sur une période de 3 ans – ce qui est loin d’être négligeable sur une carrière de joueur professionnel – représenter différentes Associations (comprendre fédérations nationales).

Ce qui va changer ? En fonction de son âge lors de la naturalisation, le joueur ne pourra pas participer pour son nouveau pays aux « titres mondiaux » pendant 3 ans (-15), 5 ans (-18), 7 ans (-21) ou même jamais s’il avait 21 ans ou plus.

Remarquons aussi que le terme employé de « ITTF World Title events » n’est défini nulle part dans le règlement, ce qui permet de jeter un flou artistique certain sur le domaine d’application. Heureusement, la qualification aux Jeux Olympiques n’est que du ressort du Comité International Olympiques et n’est donc pas concernée. On chuchote néanmoins que l’ETTU (European Table Tennis Union) serait prête à s’aligner.

On savait déjà que pour la FFTT, les étrangers non-communautaires n’étaient pas tout à fait comme le reste de la population pongiste (et je n’ose imaginer les commentaires enflammés que cela susciterait si je ne parlais pas sous l’égide bienveillante du règlement FFTT), puisque leur nombre est limité à un maximum par équipe.

On sait dorénavant que les joueurs changeant de nationalité, ayant trahi leur patrie d’origine, doivent être punis. Singulière décision.

Le portrait que brosse Adham…

Comme d’habitude, mon petit préféré, Adham Sharara, le président de l’ITTF, y va de son petit laîus. Et comme à l’accoutumée, je ne peux m’empêcher de le commenter :

Diantre ! Aurais-je collé un extrait de Atlas Shrugged ? Serais-ce un discours d’un méchant Randien ? Vérification… ah non. Ce sont bien ses propos.

Pourtant, tout y est : déclaration d’altruisme, auto-congratulation, moraline dégoulinante et intérêt général (de la fédération, bien sûr). Checklist OK ! J’espère qu’il s’est inscrit pour le casting du film, il a toutes ses chances.

Mais quand même, en substance, pourquoi donc tout ceci ?

Mais sacrebleu, pourquoi tant de haine ?

Etonnant. J’aurais juré que les-dites associations étaient assez grandes pour savoir elles-mêmes s’il était légitime ou non de « débaucher » des joueurs étrangers, et si celà collait avec leur politique. De même, j’ai toujours pensé que les joueurs étaient assez grands pour faire leurs propres choix. Me serais-je fourvoyé ? Sont-ce d’éternels mineurs aux yeux de l’ITTF, à qui il appartient de juger et réprimander ces vilains garnements prépubères ? Si l’homme n’est pas une marchandise, ne serait-il qu’un outil au service de sa patrie ?

Le « laissez faire », c’est pas pour demain.

Plus prosaîquement, cette mesure n’a qu’un but : empêcher la fuite de l’armada de Chinois qui, bien que n’ayant aucune chance ou presque d’intégrer l’équipe chinoise, ont toutes les chances de réussir une carrière dans et pour le compte d’un autre pays. Les exemples sont assez nombreux.

Heureusement, il n’y aura pas de rétroactivité. Le tableau eut été complet.

Quel con…sensus !

En parcourant, la presse, je m’aperçois que chacun y va de sa petite phrase. Par exemple, Claude Bergeret, vice-présidente de l’ITTF, plus connue pour son titre de championne de monde en double mixte avec Secrétin :

Et quand on fait le même genre de réflexion pour le football, on a le droit à des cris d’orfraie. M’enfin, passons. Que dire du vote ?

(source : www.letemps.ch)

Je résume : Hong-Kong = pilleurs et le néo-zélandais, il est libéral, ce qui l’exclu ipso facto du cercle des gens de bon sens dopés à la moraline. Il ne compte pas. Nada. Faut pas déconner, nous les tolérants on ne discute pas avec ces dévoreurs d’enfants crus. Non mais !

Gérard Velten, lors du commentaire des derniers championnat du monde, glisse un mot en passant :

(source : www.fftt.com)

Nihil novi sub sole : quand on a un problème, à savoir que les mis-de-côté se rebiffent, plutôt que d’en tirer parti, on les brime. Plus simple. Plus bête. Et inefficace.
Quand à la maîtrise du nomadisme… allez, je suis sympa, j’offre quelques pistes :

• un joug et des fers aux pieds pour ces traîne-savates !
• la prison pour haute-trahison
• rien, on laisse faire, les gens ne nous appartiennent pas

La voix de la raison

Heureusement, j’entends une voix discordante. Celle de Gao Jun, championne des Etats-Unis d’origine Chinoise ; elle pense que

(source : www.laberation.fr)

Quelle idée extravagante : la concurrence ! Heureusement, l’ITTF veille. Pour notre bien, évidemment, je vous somme de ne pas l’oublier.